Si vous êtes sur Paris pendant l’été, je vous conseille vivement d’aller faire un tour à l’exposition sur le photographe américain Walker Evans au Centre Pompidou.
Walker Evans du 26 avril – 14 août Centre Pompidou
Épreuve gélatino-argentique
18,3 x 3,8 cm
The Metropolitan Museum of Art, New York
© Walker Evans Archive, The Metropolitan Museum of Art
Photo: © The Metropolitan Museum of Art, Dist-RMN-GP/Image of the MMA
Cette exposition est la 1ère grande rétrospective en France consacrée au photographe américain considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands photographes du XXème siècle.
Walker Evans est très connu dans monde grâce à ses sublimes photographies/portraits des familles agricoles du sud des États-Unis. Ces photographies des familles de métayers d’Alabama révèlent les conditions précaires dans lesquelles vivent ces familles. À cette époque, les crises économiques de 1929 ont un véritable impact sur les métayers. Walker Evans est envoyé par Farm Security Administration (FSA) afin de montrer les conditions de vie lors de cette période connue sous le nom de Grande Dépression.
Épreuve gélatino-argentique
22,9 x 18,4 cm
Collection particulière, San Francisco
© Walker Evans Archive, The Metropolitan Museum of Art
Photo: © Fernando Maquieira, Cromotex
Mais le sujet principal de cette exposition n’est pas de retracer la carrière du photographe de manière chronologique mais de présenter l’importance du vernaculaire dans ses sujets et sa méthode.
En effet l’exposition a été pour moi une véritable révélation sur le travail de cet artiste, que je connaissais bien en tant que photographe des humbles, du paysage américain victime du modernisme.
En effet, Walker Evans s’est fortement intéressé aux sujets vernaculaires, à la culture vernaculaire américaine et est allé jusqu’à utiliser des méthodes employés par la photographie vernaculaire.
1928-1930
Épreuve gélatino-argentique
16,5 x 22,2 cm
Collection particulière, San Francisco
© Walker Evans Archive, The Metropolitan Museum of Art
Photo: © Fernando Maquieira, Cromotex
L’exposition s’organise ainsi en deux parties :
-
“Le vernaculaire comme sujet”
-
“Le vernaculaire comme méthode”
Qu’entend-on par vernaculaire ?
Généralement, on emploie cet adjectif pour décrire une langue : une langue qui n’est parlée que par une communauté restreinte.
Dans l’exposition, “vernaculaire” se comprend autrement ou du moins s’applique au domaine de l’art ou bien devrait-on dire à tout ce qui est considéré comme n’appartenant pas à l’art (c’est-à-dire ne remplissant pas les critères esthétiques préétablis par l’Histoire de l’art avec un grand “h”).
Pour faire simple, c’est tout ce qui n’est pas envisagé par les normes comme “artistique” ou relevant de l’art. C’est ce qui relève du populaire.
Walker Evans va s’intéresser à la culture populaire/vernaculaire des États-Unis en tant que sujet puis en tant que méthode photographique.
Tout d’abord il est intéressant de noter qu’à l’origine de cette passion ou obsession, nous retrouvons un photographe français : Eugène Atget, le photographe du vieux Paris et plus particulièrement des petits métiers (vendeur d’abats-jour dans la rue).
C’est son amie photographe Bérénice Abbott qui fit découvrir à Walker Evans ce grand photographe du Vieux Paris, à la fin de l’année 1929.
C’est ainsi que Walker Evans déjà emprunt de cette culture par le biais de son père publicitaire ne cessera de photographier les objets du quotidien, les vitrines, les enseignes, les panneaux publicitaires dans l’architecture urbaine, les passants dans la rue, etc.
Subway Portrait
Janvier 1941
Épreuve gélatino-argentique
20,9 x 19,1 cm
National Gallery of Art, Washington
Gift of Kent and Marcia Minichiello, in Honor of the 50th Anniversary of the National Gallery of Art
© Walker Evans Archive, The Metropolitan Museum of Art
Photo: © National Gallery of Art, Washington
Cette exposition est extrêmement bien conçue au niveau de la scénographie ainsi qu’au niveau du contenu.
Les salles sont spacieuses avec à la jonction de que nouvelle partie (sujet vernaculaire et méthode vernaculaire) on nous présente “La Collection de Walker Evans” c’est-à-dire un ensemble d’enseignes, de cartes postales, de photographies, de portraits collectionnés par l’artiste, sources d’inspiration ou non.
L’objectif du commissaire de l’exposition, Clément Chéroux, est donc atteint : nous ressortons de cette visite en ayant véritablement compris l’importance du vernaculaire dans les sujets et les méthodes du photographe Walker Evans.
RDV donc jusqu’au 14 août au dernière étage du Centre Pompidou dans la Galerie 1.
Ouvert tous les jours sauf le mardi et jours fériés !
Plus d’infos sur le site du Centre Pompidou.
Si vous avez envie de voir une exposition plus historique et ludique pour vos enfants RDV au Musée de l’Armée – Invalides pour l’exposition sur France-Allemagnes 1870-1871. Notre article sur cette exposition à lire sur le blog.