Nous sommes à 47 jours de confinement. Traverser un deuil dans ces conditions est, bien évidemment, encore plus pénible. J’ai besoin, plus que jamais, de la “présence” de mes proches, ma maman notamment, de sa douceur et de sa tendresse. En confinement, le deuil est encore plus douloureux. En plus, le deuil d’un enfant est la chose la plus dure qu’un être humain puisse vivre.
Je vis de plus en plus mal ce deuil en plein confinement.
Le confinement rajoute une épreuve supplémentaire à mon processus de deuil. Le fait de n’avoir pas pu fêter l’anniversaire de Louis ainsi que ce lui de Martin (10 jours d’écart) avec nos familles, faire la messe à son intention qui était prévu, planter notre rosier ensemble. Même les événements heureux comme le mariage de ma petite sœur qui devait avoir lieu fin juin. Un événement qui devait êre un événement heureux, plein d’espoir pour notre famille a lui aussi été reporté. Une souffrance de plus pour moi !
Tous les rituels que j’avais commencé à mettre en place pour me reconstruire le lien émotionnel avec Louis. Malheureusement ceux que nous avons commencé à mettre en place étaient incompatibles avec le confinement : aller déposer des fleurs au cimetière tous les 15 jours.
Pour bien comprendre ce qu’est le deuil, il est important de savoir qu’il opère simultanément à deux niveaux :
à un niveau inconscient, c’est le processus de deuil.
Le processus de deuil est une dynamique naturelle et involontaire qui s’enclenche automatiquement dès le début du deuil. C’est une force souterraine qui mobilise toutes les ressources du corps et du psychisme pour cicatriser la blessure intérieure. Elle agit exactement comme le ferait le processus de cicatrisation d’une blessure physique.
à un niveau conscient, c’est le travail de deuil.
Le travail de deuil est une démarche volontaire. Quand la personne endeuillée entreprend ce « travail », cela signifie qu’elle décide de créer délibérément les conditions favorables à sa guérison intérieure. Cette démarche consciente maintenue pendant toute la durée du deuil est incontournable pour connaître l’apaisement.
En début d’année, j’avais bien commencé mon travail de deuil et le confinement m’a mis des barrières à mon processus de deuil.
La cicatrice demeure mais j’apprends à vivre avec… Chez moi, la cicatrice est très à vif. J’ai de plus en plus de mal. J’ai l’impression de revenir en arrière comme en octobre quand je n’allais vraiment pas bien du tout. Des idées noires me traversent l’esprit. Je me dois de les effacer pour Henri, Martin et Romain. Il me faut retrouver le goût de la vie. Pour le moment je l’ai perdu. J’ai tellement pris sur moi récemment pour essayer de faire rouler cette vie à 4 en confinement que j’en ai oublié de m’écouter. Mon corps tient le coup mais mon esprit est ailleurs. Il est avec une petite tête d’ange blonde comme le blé.
J’accepte que le monde continue à exister, sans ressentiment du fait qu’il ne s’arrête pas de tourner parce que la personne que j’aime est décédée. J’accepte que les autres soient heureux dans leur vie, même si cela me renvoie parfois au vide qui existe encore dans la mienne. En revanche, j’ai l’impression de le trahir en revenant à la vie.
Je sais que je n’ai pas oublié. Je sais maintenant que je n’oublierai jamais. C’est comme une cicatrice : parfois, elle ne fait pas mal, et on vit comme si elle n’existait pas ; et parfois, quand les circonstances se présentent, elle se rappelle à moi et me fait mal. Les anniversaires continueront à faire mal.
Mais là, j’ai besoin d’aide car cette cicatrice me fait de plus en plus mal. J’ai repris un rendez-vous régulier avec mon psychiatre. Il m’a dit qu’il ne faut pas s’inquiéter de ces émotions, elles sont importantes. Il faut laisser venir la colère, laisser monter la peine. Elles sont liées à l’amour qui nous relie à la personne décédée. Il est terrible pour moi d’être isolée quand on souffre la perte de quelqu’un. La disparition de leur enfant rend les parents particulièrement fragiles et vulnérables.
Actuellement je reprends des médicaments afin que mes idées noires disparaissent. Heureusement Maman arrive la semaine prochaine (vive la fin du confinement!) Sa présence va me faire un bien fou et je vais pouvoir me soigner normalement et que maman m’aide au quotidien avec les enfants. Je pense que je fais un burn-out plus un travail de deuil inachevé.
Il faut que je prenne soin de moi. Il faut que j’arrive à m’occuper les mains et l’esprit. Je m’étais inscrite à l’association des parents d’élèves mais là encore le Covid a empêché les événements organisés.
Il faut que je retrouve une nouvelle activité. Je sais que je n’ai pas encore la force de me remettre dans mon activité professionnelle à plein temps.
Le deuil d’un enfant est et restera toujours intolérable. Il me faut maintenant l’apprivoiser. La perte d’un enfant signe la fin d’une certaine insouciance. Mais ce n’est pas la fin de la confiance dans la vie.
Quel est votre état d’esprit ?
Comment accueillez-vous le déconfinement ?
Mes articles sur le deuil :
Comment revivre après le deuil d’un enfant ?
Le deuil d’un enfant : les premières fois
Livres jeunesse : Le deuil expliqué aux enfants
2 commentaire(s)
Depuis le début du confinement je bénis chaque jour le hasard ou la bonne étoile de mon PetitPrince qui nous a permis de célébrer son anniver’ciel juste avant le confinement (y compris la messe dites pour lui) et le fait d’être dans un petit village, le cimetière n’ayant pas été fermé. Il n’y a que la venue de mes parents qui a été annulé et je ne sais pas quand est-ce que nous pourrons nous revoir et partager notre douleur devant la perte de mon bébé tout en nous réjouissant de voir grandir ses frères …
Je ne peux que compatir à votre douleur et j’espère que la venue de votre maman apportera un peu de baume dans votre coeur de maman endeuillée
Je n’imagine même pas la douleur que tu ressens. Je t’envoie toutes les pensées pour toi, Louis et ta famille. Je te souhaite de trouver de l’apaisement dans ton deuil, je sais que Louis t’aidera car il veille sur toi. <3