Tenue correcte exigée, quand le vêtement fait scandale du 1er décembre 2016 au 23 avril 2017
Une exposition exceptionnelle sur l’évolution et la transgression vestimentaire de la Bible aux fashion show de 2015.
Depuis des siècles, la société est façonnée par des normes et traversée par des modes éphémères suscitant adhésion ou aversion.
Dans la culture judéo-chrétienne, origine de la société occidentale, le vêtement renvoie au péché d’Adam et Eve. En effet, après avoir cueilli le fruit défendu, Adam et Eve prennent conscience de leur nudité et lorsque Dieu les chassent du Jardin d’Eden il leur remet un vêtement pour cacher celle-ci. Pour le christianisme, le vêtement est signe de péché et se doit d’être le plus sobre possible, ainsi aujourd’hui toute extravagance vestimentaire peut provoquer gêne ou critique.
L’exposition retrace en trois thématiques les règles et les scandales de la mode du XIVème siècle à nos jours avec plus de 300 pièces exposées : des vêtements (bien sûr), mais aussi des peintures (la toute 1ère peinture étant une œuvre de Cranach représentant Adam & Eve : vêtement = péché), des petits objets, des archives de l’INA, etc.
Nous sommes plongés dans l’univers des règles et des scandales dès la porte de la salle d’exposition sur laquelle sont inscrits tels des graffitis, des petites phrases mesquines ou désobligeantes : « t’es sapé comme un pingouin » « sac à patate » ou « ta jupe n’a pas du te coûter cher en tissu », etc.
Les trois thématiques, identifiées par différentes couleurs (des tonalités grises ou couleurs pop), se succèdent et sont rythmées par une scénographie en sorte de paravents, réalisée par la designer Constance Guisset, évoquant des salons d’essayage.
La première thématique est intitulée : Le vêtement et la règle. Dans cette partie, on rappelle l’histoire du pêcher originel mais aussi les règles vestimentaires auxquelles sont soumises les personnes de pouvoir : Marie-Antoinette et sa petite robe chemise sur le portrait de Elisabeth Vigée-Le Brun ou la robe à fleurs de Cécile Duflot à l’Assemblée Nationale.
La deuxième thématique : Est-ce une fille ou un garçon ? Quand les femmes s’approprient les vêtements d’homme, de Jeanne d’Arc au smoking Yves Saint Laurent, au début cela fait scandale mais par la suite s’est accepté. En revanche, quand les hommes s’approprient jupe et maquillage, ça ne fonctionne pas, et c’est le cas encore aujourd’hui malgré les efforts de Jean Paul Gautier et des jeunes créateurs.
La troisième et dernière thématique : La provocation des excès. Le « Trop » peut caractériser cette partie de l’exposition. Le « trop haut », le « trop large », le « trop moulant », le « trop court », le « trop transparent », tous ces excès qui se sont succédés au cours des siècles sont présentés ici.
Avec pour dernière vitrine, les « défilés chocs » de Galliano avec ses inspirations issues des sans-abris à McQueen et sa collection Highlang Rape.
On finit par cette citation Michel Pastoureau (grand historien médiéviste qui a travaillé sur la couleur et participe au catalogue d’exposition) : « Fuir ce regard, faire exprès de s’affranchir des codes, des modes, des usages et des morales en cours, c’est bien souvent montrer que l’on est encore et toujours dépendant. La liberté vestimentaire est une illusion. »
C’est une exposition à voir absolument ! La scénographie immersive est bien conçue, la succession des thématiques est cohérente, les contenus des cartels sont complets et bien rédigés.
Je vous conseille vivement d’aller découvrir « Tenue correcte exigée, quand le vêtement fait scandale » qui a lieu jusqu’au 23 avril 2017.
A bientôt pour de nouveaux bons plans de sortie
Mathilde